Nous sommes motivés pour partager avec vous quelques informations sur le cacao, l’une des productions de la Grande île. Nous estimons que le cacao pourrait grandement contribuer à l’économie du pays s’il est cultivé avec soin et de manière durable.

Cacao, un besoin non négligeable

Connu par les scientifiques sous le nom de Theobroma cacao, le cacao est une plante de la famille des malvacées qui entre dans la fabrication de divers produits dont les plus connus sont le chocolat, les aromatisants alimentaires, et quelques boissons et cosmétiques. Au moment où vous lisez cet article, la consommation pour le compte de l’année 2017 du cacao dans le monde dépasse déjà largement les 2 millions de tonnes. Il faut savoir qu’en moyenne, nous en consommons environ 3,7 millions de tonnes chaque année.

À Madagascar, la production de cacao n’est pas encore très développée. Sur une surface de 50 km de rayon, 6 000 à 8 000 tonnes de cacao sont produites par an, ce qui représente peu, par rapport à la production de grands exportateurs tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Cameroun.

Dans son Encyclopédie Aliments, Passeport Santé indique que le chocolat et le cacao font partie des aliments les plus riches en flavonoïdes, des substances antioxydantes. Bien que le chocolat contienne des gras saturés, il s’agit principalement d’acide stéarique, un gras qui n’est pas néfaste et qui exercerait même certains effets bénéfiques sur le plan cardiovasculaire. La capacité antioxydante du cacao serait quatre à cinq fois plus élevée que celle du thé noir, deux à trois fois plus élevée que celle du thé vert et deux fois plus élevée que celle du vin. Des chercheurs ont par ailleurs observé une diminution de la pression artérielle (systolique et diastolique) chez des personnes âgées hypertendues (non traitées) ayant consommé 100 g de chocolat noir durant plus de 14 jours, comme le rapporte toujours Passeport Santé.

Le cacao de Madagascar, une qualité suprême

La vallée du Sambirano, près d’Ambanja, dans le Nord-Ouest, est le palais de la culture de cacao à Madagascar. Le cacao d’Ambanja est d’une qualité suprême, il s’agit de ceux qui sont en cabosses rouges, du criollo : le cacao le plus recherché au monde. Ces cacaos sont aussi 100% bios, puisque les cultivateurs n’utilisent ni d’engrais ni de produits chimiques dans leurs champs. Avec sa grande qualité, et même si la quantité produite est très faible, le cacao de Madagascar reste un « cacao fin ».

Les cacaos d’Ambanja deviennent des chocolats parmi les plus prisés au monde, malgré le fait que leurs producteurs, mal informés de la valeur ajouté de leurs produits et par manque de moyens, restent un peu à l’écart des grandes affaires qu’ils génèrent. Pour ne citer qu’un aspect de ce phénomène, le kilo des fèves de cacao à Ambanja reste aux environs de 2.600 ariary (70 centimes d’euros).

De la campagne cacao à la demande sur le marché

Pour se lancer dans une culture de cacao il faut attendre quelques années pour que celle-ci apporte ses fruits. Un terrain d’un hectare, avec un sol bien cultivable, fournit entre 300 et 1000 kg de cacao, et la récolte peut se faire à partir de sa 3ème année. Un cacaotier est adulte à 10 ans et produit pendant une cinquantaine d’année.

Pour pouvoir l’exporter, le cacao nécessite un travail qui s’étale en plusieurs phases, il s’agit entre autres de l’entretien des plantes, la cueillette, le cabossage, le transport, la mise en bac, la fermentation, le séchage, le triage, le conditionnement et l’entreposage.

Le marché de cacao dans le monde est essentiellement concentré en Europe avec ces 48% de taux dans la demande annuelle, avant l’Amérique du Nord et l’Asie[i]. Nous vous avons fait un graphique exposant les plus grands importateurs de cacao dans le monde :

Source: Actualitix: fève de cacao pays importateurs, 2013

Pour un cacao durable, la filière doit répondre à la norme internationale ISO 34101. Cette norme a été validée l’année 2016 et est actuellement en cours d’élaboration. Mais au-delà des normes internationales, l’exportation de fèves de cacao doit suivre certaines conditions basiques pour être admises au sein du marché international. Le cacao doit[ii]:

  • être correctement fermenté,
  • ne présenter aucune odeur étrangère telle que le moisi, la fumée, les pesticides ou le goudron,
  • être sec avec un taux d’humidité ne devant pas dépasser 8%,
  • être propre et exempt de matières étrangères libres ou adhérentes de débris de cabosses, de bois, et de parties minérales diverses,
  • en terme de grainage, une tolérance allant jusqu’à 105 fèves/100 grammes est accordée.

Nous espérons que cette synthèse vous a donné une  vue générale d’investissement dans le cacao à Ambanja. Les avantages ne sont pas minimes malgré les risques et les inconvénients qui pourraient subsister dans la culture de cacao. En s’engageant dans la culture de cacao durable, nous ne contribuons non seulement au développement durable mais aussi nous perdurons la bonne qualité de cacao parce que le cacao malgache est d’une qualité exceptionnelle et réputée mondialement pour sa fermentation plus acide que les autres (lié au processus de fermentation et à la particularité du sol). Ce cacao classé parmi les meilleurs dans le monde, a obtenu le label « cacao fine » de l’Organisation Internationale du cacao, ICCO[iii].

Melizah Memena


[i] Bibliothèque du parlement européen, ICCO, Eurostat

[ii] Source : conseilcacao.ci

[iii] Source : Mme Razanakoto, RSCE2 Abidjan

Photo à la une: © Infokmada