Dans les temps anciens, le Ciel voulut, dit-on, se marier. Il cherchait partout une femme qui pût lui convenir, mais il n’en trouvait aucune qui fût assez jolie pour lui.

Un jour, son ami le kabantigny (fauvette : Cisticola madagascariensis) monta jusqu’à lui et lui dit :

–  J’ai appris que vous vouliez vous marier. Il y a toute en bas une grande et belle femme que l’on appelle tany, Terre, et qui vous conviendrait à merveille.
–  Je vous remercie, dit le Ciel. Allez, je vous prie, la demander en mariage en mon nom.

Le kabantigny partit et arriva jusqu’à terre. Il la salua et lui dit:

–  Mademoiselle Terre, mon ami Ciel m’envoie vous demander en mariage. Voulez-vous l’accepter comme époux ? Je crois qu’il vous plairait beaucoup.
–  Je l’accepte volontiers, répondit-elle. Allez, je vous prie, lui porter ma réponse.

Le kabantigny remonta jusqu’au Ciel.

–  Qu’a-t-elle répondu ?
–  Elle m’a chargé de vous dire qu’elle acceptait.
–  Bien, retournez lui dire combien j’en suis heureux et priez-la de monter jusqu’ici pour que nous nous marions.

Le kabantigny repartit et la Terre commença à remonter vers le Ciel.

Kabantigny
Kabantigny

Lorsque les êtres vivants vinrent cela, ils furent inquiets. Ils se réunirent en un grand kabaro (réunion, conseil) et ils dirent :

–  Qu’allons-nous devenir si la Terre continue de monter. Dès qu’elle aura rejoint le Ciel nous allons être tous écrasés ; nous allons tous mourir…
–  C’est vrai dit le kabantigny, je n’avais pas songé à cela. Il faut empêcher le mariage. C’est moi qui l’ai fait, c’est à moi de le défaire. Je crois avoir trouvé le moyen.

Il remonta rapidement vers le Ciel et lui dit :

–  Mon ami, j’ai beaucoup réfléchi au sujet de votre mariage et je crois que nous nous sommes un peu pressés. Vous feriez peut-être bien de ne plus y songer. La Terre est devenue vilaine, méchante, hargneuse. Ses cheveux, les feuilles des arbres, font beaucoup de bruit lorsque le vent souffle et vous empêcheront de dormir.
–  Je vous remercie et je suivrai votre conseil. Vous êtes un bon ami. Allez vite vers la Terre et dites-lui de ne point monter jusqu’ici.

Le kabantigny se laissa tomber et dit à la Terre :

–  Ma pauvre amie, vous avez le plus grand tort de vous marier avec le Ciel. Son œil (soleil) est trop chaud et il vous brûlera. Et puis, voyez combien il vous respecte peu. Presque toutes les après-midi il urine (mamany) beaucoup sur votre tête.
–  Vous avez raison mon ami, dit-elle, je renonce à me marier avec lui. Et puis, quelle est cette coutume qu’il prétendait me faire suivre ? Est-ce à la fiancée, maintenant, de courir au devant de son futur mari ? Je préfère rester comme je suis !

Mais certaines parties de la terre s’étaient déjà élevées. Pour paraître plus belle, elle les avait garnies des plus gros arbres qu’elle avait pu faire pousser. Ces parties élevées ne descendirent plus pour se mettre au niveau des plaines. Et ce sont les montagnes actuelles dont le sommet est toujours couronné de gros arbres.

 Dandouau, pp, 113-115,

Cité par Robert Jaovelo-Dzao

« Angano, angano, tsy izaho mavandy fa olo-be taloha ».