Aujourd‘hui, en moyenne, quatre bébés naissent chaque seconde et deux personnes meurent. L’équation démographique assez simple, c’est deux soustraits de quatre, ce qui nous fait deux personnes en plus sur Terre chaque seconde. Cela correspond à 200 000 habitants en plus chaque jour. Et 75 millions d’habitants en plus chaque année. Les régions de DIANA (Diego-Suarez, Ambilobe, Nosy Be et Ambanja) et de SAVA (Sambava, Antalaha, Vohemar et Andapa), ne sont pas épargnées par cet accroissement de la population. En témoigne leur configuration démographique que nous allons exposer dans cet article.

Les chiffres démographiques clés dans la Grande île

Avant de comprendre la démographie de la partie nord de Madagascar il est utile de connaitre les indicateurs démographiques et sociaux ainsi que les pronostics des démographes sur l’ensemble de l’ile.

Madagascar s’étend sur une superficie de 587 295 km² habitée par quelques 23 658 000 de personnes dont plus de la moitié (50,3%) sont des femmes. Un tiers de cette population vit en milieu urbain. Le taux de croissance annuel est de 2,8% en tenant en compte que 11 946 000 d’habitants sont actifs, soit 50,49%.

La population par groupe d’âge et le taux d’alphabétisation sont résumés dans les graphiques ci-dessous :

Source : Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, annuaire statistiques 2017
Source : Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, annuaire statistiques 2017

La démographie dans l’ex-province d’Antsiranana

Selon l’INSTAT Madagascar (Institut National de la Statistique), la population de DIANA est de 719 000 habitants, pour l’année 2014, à côté de SAVA qui atteint les 1 007 399 d’âmes. L’ex-province d’Antsiranana occupe 41 784 km2dont 39%  pour la DIANA et 61% pour la SAVA.

Pour étudier l’évolution prospective de la population de la région, il est nécessaire de relever son évolution au cours des années précédentes. Nul ne peut prédire le lendemain mais l’avenir est en revanche plein d’interrogations sans modèle sur lequel s’appuyer. C’est pour cela que nous avons réalisé des projections en nous basant sur les chiffres existants fournis par l’INSTAT (de 2011 à 2014) et en tenant compte du taux de croissance annuel de Madagascar établi par la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique.

Il ressort de nos calculs que les populations des zones concernées auront une forte croissance dans les années à venir. Ainsi il faut s’attendre à une augmentation de l’ordre de 19% en 2025 dans les deux régions, et un fort accroissement pouvant atteindre 79% en 2050.

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Force est de constater que la plupart des données ne sont pas disponibles. Les données statistiques en vigueur actuellement, dans ces régions datent de 2005 pour les données locales et 2014 pour les données générales. Nous exploitons au fur et à mesure,  avec la collaboration des autorités locales, les données administratives disponibles afin d’apporter le plus de précision possible à tous les indicateurs démographiques. Concernant le sexe, nous n’avons pas eu assez de recul non plus par faute de données, mais en utilisant le simulateur de population sur le site de l’Institut National d’Études Démographiques force est de constater que les hommes sont légèrement plus nombreux que les femmes.

Quel rôle les statistiques démographiques jouent-ils dans le développement durable et pourquoi s’y intéresser ?

La démographie est l’une des branches fondamentales de développement durable. C’est aussi une clé pour projeter et façonner une meilleure vie pour les populations de ces régions. En ayant une vision sur la pression démographique qui pourrait subsister dans les régions du Nord, le profil démographique actuel et les projections pour les années à venir, les décideurs et les  autres parties prenantes peuvent identifier des politiques publiques pertinentes capables de prendre en compte les besoins à la fois des générations présentes et futures. Il ne faut pas se faire d’illusion et penser qu’on pourra affronter ce changement social sans avoir eu à préparer son arrivée. Sommes-nous déjà en route pour assurer des conditions de vie aussi favorables qu’aujourd’hui à la population existante et aux 79% plus qui vont venir ?

La démographie joue un rôle important pour construire un avenir meilleur. Elle permet aux décideurs d’engager des politiques publiques tendant vers les besoins réels de la population à long terme : les infrastructures (hôpitaux, écoles, routes…), l’aménagement du territoire, les besoins énergétiques… Il ne serait pas raisonnable par exemple, de maintenir les structures sociocommunautaires actuelles à Ambilobe ou à Andapa avec une population qui dans 8 ans aura augmenté d’un sur cinq.

Par ailleurs, l’outil démographique permet également à ces décideurs d’appréhender sur les mesures prises face aux défis de l’accroissement de la population comme la question de la sécurité ou du chômage. Enfin, cette branche du développement durable permet à tout un chacun, décideurs et populations, de réduire les plus grandes incertitudes que vivent les populations de ces régions : l’avenir de la production agricole, la mise en place d’une éducation de qualité, la multiplication des investissements et la protection de l’environnement puisque de fortes augmentations de la population peuvent représenter un poids considérable pour l’économie de ces régions comme pour la planète, ses écosystèmes et le climat.